Benjamin Biard est docteur en sciences politiques, chercheur au Centre de Recherche et d’Information socio-politiques (CRISP), et chargé de cours invité à l’UCLouvain. Ses thèmes de recherche principaux sont la démocratie, les idéologies et les partis politiques. Nous l’avons interviewé sur la place qu’occupe l’extrême droite en Belgique, ainsi que sur l’influence qu’elle exerce sur la droite et sur le champ politique en général.
Propos recueillis le 6 août 2025.
Commençons par la base : quelles sont les principales caractéristiques de l’extrême droite – ou plutôt devrait-on parler « des » extrêmes droites – et qu’est-ce qui la distingue de la droite traditionnelle ?
J’ai toujours tendance à définir l’extrême droite à partir de trois critères, qui en fait permettent de définir ce qu’est une idéologie : L’idéologie c’est à la fois une conception du monde tel qu’il est, une conception du monde tel qu’il devrait être et un programme d’action qui permet de passer du premier au second.
Si on applique ça à l’extrême droite, la conception du monde « tel qu’il est » c’est une conception profondément inégalitaire, qui accorde une attention majeure aux différences entre les individus à partir de leur ethnie, de leur prétendue « race » (il existe encore des formations à l’extrême droite qui s’expriment ouvertement de cette manière), sur base de la civilisation (par exemple Éric Zemmour avait utilisé ce terme durant la campagne de 2022 en France).
Le deuxième critère, la conception du monde « tel qu’il devrait être », c’est une conception profondément nationaliste. C’est-à-dire la volonté d’un territoire homogène sur le plan des premiers critères : ethnique, « racial », civilisationnel par exemple.
Le troisième critère, qui est fondamental (parce que l’extrême droite ce n’est pas qu’une droite plus à droite qu’une autre, il y a aussi le mot « extrême » dedans), c’est un programme d’action qui va mettre la démocratie sous tension, soit en étant ouvertement violent sur le plan physique (les agressions par exemple), soit sur le plan symbolique.
« J’ai tendance à définir l’extrême droite à partir de trois critères : une conception profondément inégalitaire de la société, un projet nationaliste et un programme d’action qui met sous tension la démocratie »
Je pense que c’est la meilleure manière, la plus courte en tout cas, de définir ce qu’est une idéologie d’extrême droite. Et ça laisse la porte ouverte à des déclinaisons : Vous parliez vous-même « des » extrêmes droites, on retrouve des extrêmes droites plus ou moins violentes : une extrême droite néonazie il y a quelques années avec Aube Dorée en Grèce par exemple ; une extrême droite qu’on qualifiera plus volontiers de populisme de droite radicale avec le Vlaams Belang en Flandre et le Rassemblement national en France par exemple, qui sont des formes d’extrême droite bien entendu, mais qui semblent respecter davantage le jeu démocratique, a priori en tout cas.
Comment expliquer qu’aucun parti ouvertement d’extrême droite n’ait réussi à s’implanter en Belgique francophone ces dernières décennies ?
On peut dire que l’extrême droite reste marginale, en réalité depuis les années 30. On a eu l’expérience rexiste avec Degrelle, brièvement (surtout les résultats de 1936). Ensuite, après la Seconde Guerre Mondiale, on a eu des volontés de développement de groupuscules, de petits partis selon les périodes. Une des percées les plus importantes, mais qui reste en réalité assez marginale, a été celle du Front national lors des élections en 1991. À l’époque, ce résultat a mené à qualifier le jour du vote de dimanche noir, mais le FN n’a obtenu qu’un siège sur 212 donc un impact assez limité. Et puis on a eu un grand nombre de partis, de nombreuses scissions du Front national (…) Puis une série d’autres formations, le Parti populaire par exemple ou un des derniers en date, le parti Chez Nous.
Sur le constat, on est tout à fait d’accord : l’extrême droite semble plongée depuis plusieurs décennies dans une forme de marginalité côté francophone, en incluant aussi Bruxelles. Si on s’en tient au résultat des élections de 2024, notamment au niveau local, Bruxelles n’a aucun élu d’extrême droite, donc on voit la difficulté que rencontre l’extrême droite à Bruxelles et en Wallonie, y compris côté germanophone pour être tout à fait complet.
Les raisons sont plurielles. Je pense qu’on ne peut pas dire que c’est un acteur, une stratégie ou un contexte particulier qui explique ça, mais c’est un faisceau d’éléments à la fois internes et externes. Sur les facteurs internes, c’est-à-dire propres à l’extrême droite, j’en vois au moins deux : Le premier, c’est l’incapacité de l’extrême droite à sortir des querelles intestines très profondes qui la caractérisent depuis des décennies. Le deuxième élément c’est son incapacité à se doter d’un leader suffisamment charismatique, comme le fut sans doute Léon Degrelle dans les années 30.
Trois autres facteurs au moins peuvent permettre de comprendre cette situation, davantage externes, qui ne dépendent pas directement de l’extrême droite. Le premier (je les cite dans cet ordre mais il n’y en a pas nécessairement un plus important que l’autre), c’est le cordon sanitaire médiatique comme réalité purement belge francophone, qui se matérialise par le fait de ne pas donner la parole librement en direct sur les médias audiovisuels à des représentants notamment d’extrême droite. (…) Ce cordon médiatique a encore une importance (même si elle décroît sans doute à travers le temps, au fur et à mesure où les canaux traditionnels d’information et de communication réduisent en portée par rapport aux réseaux sociaux). D’une part parce qu’il réduit la visibilité des formations d’extrême droite, d’autre part parce que ça évite toute forme de banalisation de l’extrême droite.
Autre facteur externe, c’est la force, la détermination et la mobilisation de la société civile. Entendu au sens très large, ça peut être les organisations d’éducation permanente, par exemple à travers leurs missions de sensibilisation, de déconstruction des discours d’extrême droite. Ça peut être plus spécifiquement les forces antifascistes qui, ça a pu être démontré, jouent un rôle déterminant aussi dans la faiblesse de l’extrême droite en Belgique francophone, qui entendent par tous les moyens, je dirais, empêcher l’extrême droite de se développer.
« Les forces antifascistes jouent un rôle déterminant dans la faiblesse de l’extrême droite en Belgique francophone »
Et puis dernier facteur, même si on peut en trouver d’autres, c’est la faiblesse du sentiment d’identité nationale au sud du pays. Là où c’est beaucoup plus clair en Flandre sur une base flamande, en France aussi sur une base plus nationale, c’est beaucoup moins évident côté francophone et même germanophone. Et donc pour un parti qui, par définition (souvenez-vous c’était le deuxième critère de la définition) est nationaliste, c’est beaucoup plus difficile de faire reposer son discours lorsque ce sentiment d’appartenance à une nation commune est plus faible au sein de la population.
Ça ne veut pas dire que la situation est immuable, elle pourrait tout à fait être amenée à évoluer dans le temps si l’un ou l’autre de ces facteurs venait à s’estomper ou tout simplement à s’affaiblir.
Justement, on observe depuis quelques temps une assez claire droitisation du Mouvement réformateur (le MR, parti historiquement de droite libérale) en particulier sous l’impulsion de son président Georges-Louis Bouchez qui notamment assume le fait de mener une « guerre culturelle », mais aussi à travers le Centre Jean-Gol, son centre d’études, dont les thèmes de prédilection rappellent les thématiques chères à l’extrême droite : le danger d’un prétendu wokisme, le port du voile à l’école, l’immigration, etc. Pensez-vous que le MR est en train de dériver à l’extrême droite ?
Je ne pense pas. Je sais que c’est très tendance, souvent plutôt dans certains milieux militants. Certains de mes confrères peuvent l’envisager de cette manière-là, mais ils sont quand même très rares (je pense à une seule personne en réalité). Mais globalement, il me semble que clairement le MR n’est pas d’extrême droite, dans le sens où c’est un parti qui reste dans le giron démocratique. C’est une caractéristique fondamentale.
Mais la question est néanmoins intéressante parce que je crois qu’elle est légitime. C’est-à-dire qu’il y a plusieurs indicateurs qui indiquent que, effectivement, il y a une évolution qui s’opère au sein du Mouvement réformateur.
Ces indicateurs, ce sont des prises de position parfois plus assumées, plus franches, sur certaines thématiques. Des positions plus conservatrices aussi. Là où il y a quelques années le MR assumait de jongler entre un positionnement plus libéral et un positionnement plus conservateur de manière à rassembler le plus grand électorat possible. Aujourd’hui, on voit que le MR s’assume de plus en plus comme formation conservatrice. On a toute une série de déclarations de Georges-Louis Bouchez mais pas seulement (je pense à Pierre-Yves Jeholet par exemple, dans le cadre d’un débat avec un représentant du PTB lors de la campagne 2024), qui n’auraient pas étonné si elles avaient été tenues par un représentant d’extrême droite. (1)
On a aussi un parti qui a reçu dans ses rangs certains membres issus d’une formation d’extrême droite. Il y en a vraisemblablement trois, si mes connaissances sont bonnes, dont un qui n’est pas anodin puisqu’il s’agit de Noa Pozzi, qui a été un cadre de ce petit parti d’extrême droite Chez Nous, membre du bureau politique, responsable provincial à Liège et à ce titre d’ailleurs a tiré la liste fédérale dans la circonscription de Liège en 2024.
On a donc quelques indicateurs, on pourrait sans doute en ajouter d’autres, qui montrent que, en effet, il semble y avoir évolution au sein du MR et la question de son positionnement actuel est tout à fait légitime. À côté de cela, je pense qu’il a d’autres éléments qui permettent de répondre que ça ne conduit pas nécessairement le MR à être qualifié d’extrême droite.
Le premier c’est l’analyse des programmes électoraux. Et à l’analyse de ceux-ci, clairement on ne peut pas dire que le Mouvement réformateur est un parti d’extrême droite sur le plan idéologique (ndlr : selon les 3 critères définis…) Deuxième élément, ça reste me semble-t-il un parti d’abord et avant tout positionné sur des questions socio-économiques, comme priorité idéologique. Le clivage socio-économique reste le clivage structurant pour le Mouvement réformateur et on le voit aujourd’hui dans le gouvernement De Wever avec des positionnements très clairement à droite en matière de chômage, avec sa volonté de couper de manière drastique les budgets dans certains secteurs, y compris dans la fonction publique. En la matière, peut-être que le MR s’est encore plus droitisé dans le sens libéral du terme. Ensuite, c’est vrai qu’il assure davantage son flanc conservateur. Ça c’est un fait, mais être conservateur, ça ne veut pas dire être d’extrême droite.
Peut-on dire que, par son positionnement, le MR occupe aujourd’hui l’espace qui serait disponible pour un parti d’extrême droite ? Et existe-t-il des études en Belgique qui permettent de dresser un profil du public davantage perméable aux idées d’extrême droite ?
Oui, généralement l’électorat d’extrême droite se distingue à trois égards sur le plan sociologique, de l’électorat d’un parti de droite plus classique (par exemple le MR). D’abord sur la question du genre, on a beaucoup plus d’hommes que de femmes qui votent pour les formations d’extrême droite. Ensuite l’âge : les partis d’extrême droite généralement captent une part significative du vote des jeunes. Et puis il y a la question du diplôme. Généralement l’électorat des formations d’extrême droite dispose d’un capital socio-éducatif plus faible que la moyenne. Alors qu’on a tout l’inverse en général pour les formations de droite plus classiques. L’extrême droite recueille en partie des votes d’électeurs qui ont perdu confiance dans le fonctionnement de la démocratie. C’est-à-dire des électeurs qui émettent un vote sanction, qui ne votent pas pour l’extrême droite par idéologie, mais par volonté de sanctionner les partis du système.
Pour la question relative au MR : il n’y a personne à sa droite (de crédible en tout cas) qui parvient à capter les voix de l’extrême droite. Donc, il arrive dans une certaine mesure à capter les voix d’un segment d’électeurs qui auraient pu, ou qui par le passé ont voté pour la droite de la droite.
Le Cevipol, dans le cadre de son sondage de sortie des urnes le 9 juin dernier (2), révèle que 64,2% des électrices et des électeurs (mais comme je vous le disais, surtout des électeurs) qui avaient voté pour le Parti populaire et pour les Listes Destexhe en 2019, ont voté MR en 2024. Ce n’est pas anodin, ça veut dire que presque 2/3 des électeurs qui avaient opté pour un parti situé à la droite de la droite en 2019 se sont dirigés vers le MR. Est-ce ici une conséquence de ce repositionnement du Mouvement réformateur ? À mon sens, aucune étude ne permet de le démontrer. Mais je pense que c’est une hypothèse plausible. Est-ce que ça veut dire que le MR occupe l’espace de l’extrême droite ? Je n’irais pas jusque-là.
Abordons la question de la Flandre : le principal partenaire du MR au gouvernement, c’est la N-VA. Elle n’est évidemment pas comparable au Vlaams Belang, cependant elle siège quand même au Parlement européen dans le même groupe que le parti de Georgia Meloni en Italie ou que le parti de Marion Maréchal en France. Comment caractérisez-vous la N-VA ?
C’est une question qu’on me pose souvent. La N-VA pour moi n’est pas un parti d’extrême droite. En tout cas d’un point de vue politologique, la N-VA n’a jamais été considérée comme un parti d’extrême droite. Son prédécesseur la Volksunie non plus. Ça ne veut pas dire qu’on ne retrouve pas des éléments d’extrême droite à certains moments de l’histoire de ces partis.
Pour moi la N-VA est une formation clairement conservatrice sur le plan des valeurs ; clairement à droite avec un positionnement libéral, voire néolibéral, sur les questions socio-économiques (qui semble, et ça aussi c’est assez nouveau, dépassée par le MR sur ce positionnement-là).
Et puis évidemment, ce n’est pas une formation de droite comme les autres, ce n’est pas une formation de droite libérale comme l’Open VLD. La N-VA est une formation de droite conservatrice mais aussi nationaliste, en ce sens indépendantiste. Alors on pourrait dire : voilà, elle coche la première, la deuxième case peut-être de la définition de l’extrême droite que j’ai fourni tout à l’heure… Mais à mon sens, elle reste dans le cadre démocratique.
Ayant dit tout cela, il y a quand même une nuance à amener. La N-VA est un parti hétérogène qui est composé de différentes tendances, comme un peu toutes les formations politiques. Je pense qu’on a effectivement, en interne de la N-VA, une faction, une tendance incarnée sans doute par notre ministre de la Défense Theo Francken et par Jan Jambon, qui est très proche de l’extrême droite et qui d’ailleurs s’est déjà réjoui de la perspective de pouvoir gouverner avec le Vlaams Belang.
En ce qui concerne son appartenance au groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) au niveau du Parlement européen, c’est une difficulté à laquelle la N-VA s’est retrouvée confrontée à plusieurs reprises. Ce groupe n’est pas, je pense, un groupe d’extrême droite comme c’est le cas du groupe initié par Victor Orban au sein duquel siège Jordan Bardella et d’autres du Rassemblement national, du Vlaams Belang et autres. Ce n’est pas non plus cet autre groupe au sein duquel siège par exemple le parti de d’Éric Zemmour ou d’autres formations comme l’AfD allemande, encore plus radicale. Mais c’est clair qu’au sein du CRE, il y a des formations d’extrême droite, au premier rang desquels Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni.
L’appartenance de la N-VA à ce groupe a d’ailleurs été questionnée en interne, notamment d’un point de vue stratégique pour se distancier de cette étiquette d’extrême droite qui leur est dans une certaine mesure collée à la peau. Mais je pense qu’il y a des raisons beaucoup plus pragmatiques qui les empêchent d’aller ailleurs. C’est le fait que l’Open VLD siège au sein de Renew Europe et que le CD&V siège au sein du PPE. En fait, c’est au sein du groupe du Parti populaire européen (PPE) sans doute que la N-VA serait le plus à l’aise. Mais le fait que le Cd&V, parti flamand concurrent, y siège déjà, joue peut-être un rôle qui empêche la N-VA de rejoindre le PPE.
Finalement, comment pourrions-nous conclure cet échange ?
J’ajouterai en guise de conclusion, le fait que (et je crois que c’est vraiment important) l’extrême droite a gagné en influence. L’extrême droite est influente, qu’elle soit elle-même au pouvoir, comme c’est aujourd’hui le cas en Italie, en Finlande ou dans plusieurs pays d’Europe centrale et orientale, l’Estonie, la Bulgarie, la Pologne, la Hongrie évidemment. Mais aussi, influente là où elle n’est pas au pouvoir.
Et cette influence s’exerce à travers d’autres partis, à travers l’opinion publique. Il y a une tendance à la « droitisation », mais comme je le disais l’extrême droite ce n’est pas simplement être un peu plus à droite, c’est aussi mettre sous tension la démocratie. Et on voit effectivement qu’aujourd’hui une série d’éléments, notamment les droits humains, sont mis à mal, voire parfois menacés, par des décisions qui sont adoptées par des acteurs qui ne sont pas d’extrême droite, mais qui pourrait peut-être le devenir.
Le meilleur exemple en l’occurrence, c’est le Fides hongrois de Viktor Orban, un parti qui n’était pas d’extrême droite (il y avait un vrai parti d’extrême droite qui existe toujours, le Jobbik, parmi les plus radicaux d’Europe, ouvertement antisémite, qui a mis sur pied une milice paramilitaire au début des années 2000 pour en découdre avec les minorités Roms notamment). Le parti de Viktor Orban apparaissait lui comme un parti démocratique. Ce n’est que progressivement à partir de 2010, lorsqu’il a retrouvé le pouvoir, que Viktor Orban s’est radicalisé et aujourd’hui son parti est un cas assez typique d’extrême droite européenne.
Je pense qu’on n’en est pas encore là en ce qui concerne les partis belges, que ce soit N-VA ou Mouvement réformateur, on en est encore loin me semble-t-il. Mais ça ne veut pas dire qu’ils ne subissent pas l’influence de l’extrême droite. Et j’irais même peut-être plus loin encore, cette influence ne s’exerce pas que sur des partis de droite ou de centre droit. Des formations parfois plus à gauche subissent cette influence.
À l’étranger, le meilleur exemple c’est sans doute le cas des socio-démocrates danois qui, sous l’influence de l’extrême droite danoise, ont adopté toute une série de politiques publiques, de décisions clairement marquées de l’empreinte de l’extrême droite.
« L’influence de l’extrême droite ne s’exerce pas que sur des partis de droite ou de centre droit. Des formations parfois plus à gauche subissent aussi cette influence ».
Pour la Belgique, on cite souvent le cas du « plan en 70 points » mis en évidence par le Vlaams Blok en 1992, pour je cite : « résoudre le problème de l’immigration ». Parmi ces 70 points, beaucoup ont été mis en œuvre par des partis plus traditionnels dès les années 90 avec par exemple la multiplication des centres fermés pour demandeurs d’asile ou encore la création en 1999 d’un secrétariat d’Etat à l’Asile et à l’Immigration sous le gouvernement Verhofstadt.
Ce qu’on observe, dans une certaine mesure et sans faire de généralités, c’est vraiment l’influence de l’extrême droite avec globalement une droitisation de l’opinion sur une série de thématiques notamment migratoires ou identitaires, mais aussi une influence très forte sur les autres partis qui ont tendance alors à s’ouvrir parfois davantage soit aux partis d’extrême droite en collaborant avec eux ou alors tout simplement en récupérant une part de leur rhétorique, certaines propositions électorales et en mettant en œuvre eux-mêmes certaines de leurs propositions.
On a ainsi une influence de plus en plus perceptible et une porosité je dirais, de cette idéologie qui aujourd’hui semble dépasser les formations qui clairement peuvent être qualifiées d’extrême droite.
Notes :
- Le dimanche 1er juin 2024, lors d’un débat sur le plateau de l’émission « Rendez-vous », sur RTL-TVI, alors qu’ils étaient interrogés sur leur position concernant le port de signes convictionnels et du voile, le candidat MR Pierre-Yves Jeholet avait lancé au candidat du PTB Nabil Boukili : « Il y a des règles et on les respecte. Si ça ne vous plaît pas, vous n’êtes pas obligé de rester en Belgique ».
- Centre d’Étude de la Vie Politique (Cevipol), « Les dynamiques du vote en Wallonie le 9 juin 2024 », disponible en ligne sur cevipol.phisoc.ulb.be